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Un terrier de rêve

Dernière mise à jour : 15 janv. 2021

2009


A l'âge de 12 ans j'aimais beaucoup aller aux champignons, tout en découvrant de nouveaux endroits. J'y allais en vélo, le matin avant d'aller à l'école ou le soir après les cours. En 2009 durant le mois de mai je cherchais alors désespérément les dernières morilles, quand un matin je suis tombé sur un terrier que je ne connaissais pas encore. Par coïncidence, des renardeaux s'y trouvaient et jouaient. Je n'avais alors aucune connaissance de ces animaux, sauf si ce n'est que j'en avais déjà observés plusieurs fois avec mon grand-père à une distance d'une cinquantaine de mètres.

J'y retournai quelques fois avec le Canon Powershoot de mon frère, appareil numérique ayant un zoom assez lamentable, mais avec lequel j'ai fait plusieurs photos cette année-là.


2016


Puis avec la suite de mon école obligatoire dans un autre village, j'ai peu à peu complètement oublié ce terrier.

Alors qu'en 2016 on me prête passablement de matériel photo de différentes marques, je découvre un terrier avec 4 renardeaux, que j'ai la chance d'immortaliser malgré mon ignorance sur les techniques de camouflage, d'affût etc.


Je me souviens alors de ce terrier que j'avais connu plus de 5 ans auparavant, et décide d'y retourner. Après plusieurs heures d'affût (toujours sans connaissance) pas un seul renardeau à l'horizon. Puis c'est le soir que je vois pour la première fois de ma vie un blaireau.

Cet animal qui est sorti du terrier et que je ne connaissais alors pas du tout, s'est gratté, puis m'a senti et est retourné dans son trou.

Je reviens alors plusieurs fois et réussis à les observer durant des heures, puis sur plusieurs jours d'affilée.


Le 5 juin 2016 à 20h45, Canon EOS 7D + 70-200mm f/2.8L IS USM II, à 200mm, f/2.8, ISO 1600 et 1/200s

Au fur et à mesure que je les découvre, j'apprends à les connaître et surtout je rigole beaucoup, car cet animal est très maladroit. Les fous rires se suivent et ces bandits masqués se doutent quelque fois de ma présence, sans pour autant me repérer. Par contre je découvre aussi que le paysan à qui appartient le terrier y a placé son bétail, des vaches mères ainsi qu'un taureau avec qui je fais rapidement connaissance et que je n'ai pas forcément envie de revoir...


Le 27 juin 2016 à 21h16, Canon EOS 7D + Canon 70-200mm f/2.8L IS II USM à 200mm, f/2.8, ISO 2000 et 1/100s

C'est un clan de minimum 5 blaireaux, j'en observe 3 jeunes et 2 adultes. La mère est facilement reconnaissable à ses mamelles bien visibles.

Les semaines se suivent et les journées deviennent plus courtes, je les observe pour la dernière fois le 18 juillet 2016, avant de partir en vacances en famille.

Quand je reviens, tout à changé. Les petits sont devenus bien grands et maintenant leurs sorties ne se font plus que de nuit noire, uniquement pour la recherche de nourriture.


Le 18 juillet 2016 à 21h01, Canon EOS 7D, Tamron 150-600mm f/5-6.3 à 600mm, f/6.3, ISO 3200 et 1/80s

2017


La même année je pars faire un an de service militaire et n'ai plus le temps de suivre le terrier, je ne reviens que deux fois en 2017 lors d'une semaine de vacances et lors d'un weekend, où j'aperçois tard le soir un blaireau. Je n'ai pas le temps de faire un repérage plus long et abandonne donc le terrier à nouveau pour quelques mois.



Le 10 mai 2017 à 21h06, Canon EOS 7D + 70-200mm f/2.8L II IS USM, à 200mm, f/2.8, ISO 4000 et 1/30s

2018


Libéré de mon service sous les drapeaux, je commence l'université et me décide à suivre ce terrier de plus près. J'achète mon premier piège photo et l'installe en direction de la sortie principale. L'hiver 2017-2018 m'offre de nombreuses observations, je vois qu'il y a toujours un couple de renards installé sous la butte ainsi que 3 blaireaux.

Mon piège m'informe que les renards aiment beaucoup dormir dans la neige sur la butte du terrier lorsque le soleil brille.

Plusieurs matins j'essaie alors de faire une approche sur le terrier, souvent avec succès.



Le 2 mars 2018 à 7h39, Canon 7D mark II + 100-400mm f/4.5-5.6L IS II USM à 400mm, f/8, ISO 800 et 1/160s

Je repère également quelques empreintes de blaireaux autour du terrier, mais vois combien leurs sorties sont peu fréquentes durant l'hiver. Mon piège les filme quelques fois, mais le couple de renard est bien plus observable, les deux avec leur superbe pelage hivernal.

Je suis presque sûr que cette année j'aurai la chance d'avoir des renardeaux et également des blaireautins, mais je me réjouis un peu trop vite...


En avril 2018 alors que je suis à l'université, je reçois un téléphone d'un bûcheron me disant qu'il a trouvé mon piège photo sur un sapin qu'il devait abattre, selon les ordres qu'il a reçus. Je suis complètement dépité et quand je rentre de mes cours le soir je découvre avec amertume que tous les sapins du terrier ont été coupés. Non seulement il n'y avait plus de sapins, mais en plus les branches restaient entassées sur le terrier, laissant les sorties bouchées. Je libère quelques entrées comme je peux, jusqu'à ce que je doive rentrer chez moi. Les observations sont certainement foutues pour cette année.


Je décide d'installer mon piège photo sur l'arbre le plus proche pour voir que mes 3 blaireaux sont toujours là, tout comme le couple de renards. Par contre les sorties se font extrêmement rares, jamais je ne les vois rester sur le terrier. Je n'observe pas non plus de renardeaux, ni de blaireautins.


2019


Je connais de plus en plus de terriers différents et je vais donc beaucoup affûter à d'autres endroits. Mais je reviens quand-même souvent à ce terrier, qui m'attire énormément.

Je fais plusieurs observations du couple de renards qui est toujours là, et suis étonné de voir qu'il y a également encore et toujours les 3 blaireaux! Je viens régulièrement faire des affûts matinaux en début de printemps, la plupart du temps pour observer ce renard boitant de la patte arrière droite. Je n'y comprends rien quand je découvre un matin d'avril un jeune renard de 2018, qui avait l'air en pleine forme, mort sur le côté du terrier. Sa carcasse reste là de nombreuses semaines, avant de se faire dévorer par les corbeaux et autres animaux charognards.



Le 16 mars 2019 à 9h24, Canon EOS 7D mark II + 100-400mm f/4.5-5.6L IS II USM à 188mm, f/8, ISO 800 et 1/320

Une bonne partie des branches recouvre encore le terrier et je me décide de le nettoyer déjà plus proprement, sachant que je n'arrive pas à enlever la totalité tout seul.


Mon année universitaire est extrêmement chargée et je n'ai pas le temps de continuer mes observations sur ce terrier. J'en trouve 3 autres où il y a plusieurs renardeaux, mais celui-ci reste très peu actif.


2020


Je passe quelques soirs de janvier à affûter le terrier, malgré la nuit qui tombe rapidement en plein hiver. J'observe toujours le même renard, qui ne me remarquera jamais. Je ne suis pas sûr de le reconnaître mais il me semble que c'est toujours le même depuis que j'ai installé mon piège, en 2018.



Le 14 janvier 2020 à 18h26, Canon 5D mak IV + Sigma 120-300mm f/2.8 Sport à 300mm, f/2.8, ISO12800 et 1/40s

Le 24 février je reviens avec un ami qui découvre la photo animalière. Nous nous installons à 5m l'un de l'autre. Nous attendons depuis 16h45, en faisant tout le temps quelques photos de réglages. A 17h40 la lumière a bien changé et je teste quelques réglages, je vise une souche et déclenche quelques fois. J'entends mon ami déclencher également, me disant qu'il teste lui aussi des réglages.

Après quelques minutes il me demande pourquoi le renard a eu peur: quel renard? Alors que j'étais focalisé sur la souche le renard était en fait apparu sur la butte de terre, en dehors de mon champ de vision.


Le 4 mars durant l'après-midi nous revenons tous les deux et décidons de nettoyer le terrier le plus proprement possible.



Avant Après


Heureux de notre travail, nous espérons que cette année nous pourrons mieux les observer


Je laisse encore et toujours mon piège photo qui m'indique la présence du couple de renards, mais je n'ai plus un seul passage de blaireau à partir de fin mars... ça y est ils ont dû déménager.

Mon piège m'indique que le renard mâle sort de son terrier tous les soirs entre 18h et 19h, j'essaie alors de l'affûter, mais il est très farouche et me repère quelques fois. Je n'insiste pas mais installe mon piège photo de la meilleure manière possible en attendant des renardeaux.

Le 18 avril 2020 à 18h17, Canon 5D mark IV + Sigma 120-300mm f/2.8 Sport à 300mm, f/2.8, ISO 640 et 1/250s

Mon but est de photographier les renardeaux dès leur plus jeune âge et même si je laisse mon piège photo, j'affûte très régulièrement. Les jours se suivent et je n'aperçois jamais la femelle alors que le mâle est là tous les soirs: pourtant le piège m'indique tout le temps la présence nocturne de deux individus.

Début mai je commence à douter de la présence de renardeaux alors qu'il y a déjà différentes portées dans d'autres de mes terriers.

Alors que je commence à perdre espoir, je reçois un message de l'un de mes voisins, m'indiquant qu'un terrier que j'avais découvert l'hiver précédent et qui avait alors l'air abandonné, était maintenant très actif. Ce terrier se trouve 300m au dessus de mon terrier.


Le 8 mai

Au soir du 8 mai, je décide alors d'aller m'y poser en affût. Le terrier se situe dans un sous-bois, à un endroit où les bûcherons ont passablement travaillé en début d'année. J'attends jusqu'à ce qu'il fasse presque nuit. À ce moment là j'entends un bruit sur ma gauche non loin du terrier: un fouisseur selon les feuilles retournées. Il s'approche de moi et descend la petite pente: c'est une superbe blairelle, les mamelles me montrant qu'elle a des blaireautins ! Elle arrive à 5m de moi mais impossible de déclencher, la mise au point ne se fait plus. J'ai presque peur qu'elle me marche dessus quand elle tourne et passe sur la gauche en direction de l'endroit d'où je viens. Je la suis et réussis à la photographier dans un endroit plus clair. Je me dis alors qu'elle vient certainement du terrier.



Le 8 mai 2020 à 20h32, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 8000 et 1/250s

En revenant au terrier je traverse le pâturage au sud du terrier, de l'autre côté de la colline. Il y a des vaches au loin. Puis je vois derrière les quelques sapins une ombre furtive! Je me couche rapidement quand je vois qu'elle passe derrière un sapin, puis la vois s'approcher: la renarde! Elle a quelque chose dans la gueule, qu'elle ramène au terrier. Maintenant j'en suis sûr, c'est elle qui habite sous ce rocher, avec ses jeunes!



Le 8 mai 2020 à 20h50, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 8000 et 1/320s

Je la laisse revenir au terrier sans me faire repérer, puis reviens silencieusement en haut du sous-bois, où j'assiste à une magnifique scène, bien qu'extrêmement sombre: 7 renardeaux jouent autour du rocher, tandis que la mère repart déjà en quête de nourriture en contre-bas. Je repars silencieusement, tellement enthousiaste par ces scènes vécues! Je décide de revenir en affût le lendemain durant quasiment toute la journée, sans succès...


Les jours qui suivent ne me laissent pas beaucoup de temps, et c'est seulement le 12 mai dans l'après-midi que je reviens m'installer en affût, cette-fois-ci de l'autre côté du rocher, car le vent a tourné. J'ai une superbe vue en légère contre plongée.

Je suis à peine installé depuis 20 minutes, que je vois déjà un renardeau sortir depuis sous le rocher qui leur sert de terrier, puis un deuxième qui suit. Ils sont d'abord un peu timides et apeurés par tous les bruits qu'ils découvrent: les corbeaux qui croassent, le pic noir au loin, le bruit des branches qui s'entrechoquent à cause du vent etc... Toutes ces nouvelles choses auxquelles ils ne sont pas encore vraiment habitués surtout quand ils sont seuls face à cette nature mystérieuse.

Puis c'est un troisième, un quatrième puis au total six renardeaux qui sont là devant moi. Après avoir constaté qu'il n'y avait pas de dangers autour d'eux ce sont les moments de jeux et de découvertes qui ont pris le dessus, les courses poursuites, les défis de grimper sur une souche ou sur le caillou etc.

Une des premières choses que j'ai constatée c'est qu'ils sont les six déjà bien grands et en pleine santé, malgré une différence de dominances.



Je retourne plusieurs fois au terrier, observant les premiers jours des sorties quelque peu plus timides, puis n'observant plus rien du tout. Après avoir installé un piège photo je remarque alors deux chiens qui viennent chaque jour essayer de creuser à l'entrée du terrier... Je comprends pourquoi je ne les vois plus et en profite pour vous dire que les chiens doivent être tenus en laisse entre le 15 avril et le 30 juin; en effet la nature est particulièrement fragile durant ces quelques semaines, les bébés animaux ne connaissent pas encore la nature et risquent de se faire surprendre par un chien qui se donnera une grande joie de tuer tout animal passant sous ses dents.


Le 16 mai

Je tente un dernier affût le 16 mai dès 12h45, puis ne voyant rien jusqu'à 17h je me décide à rejoindre le terrier principal, où il me semblerait que les blaireaux sont revenus. J'observe d'abord le renard mâle qui est toujours là, puis à 20h54 après plus de 8h d'attente j'observe un renardeau sortir. Je ne m'y attendais pas alors que cela paraissait le plus logique.


Le 16 mai 2020 à 20h56, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED, f/4, ISO 3200 et 1/250s

Le jeune goupil ne semble pas rassuré, il retourne dans le terrier pour en ressortir 2 minutes plus tard avec ses 5 congénères. Je suis tellement heureux, les 8h d'affût sans boire ni manger me mettent dans un état particulier, je suis tellement content que je fais énormément de photos, jusqu'à ce que j'aperçoive la mère dans mon viseur! Gros moment de stress, elle regarde dans ma direction, ayant certainement entendu le bruit de ma mise au point automatique. Je me mets entièrement en manuel, sans stabilisation puis déclenche en mode 100% silencieux en visée écran, assistant à ma plus belle observation jusqu'alors: Les 6 renardeaux viennent tous vers leur mère, qui écarte les pattes pour les laisser boire son lait maternel. Tout ça face à moi à 10-12m, alors que je ne voulais pas être aussi proche de base. Ce fut le moment le plus émouvant pour moi, j'en ai les larmes aux yeux, sûrement aussi à cause de la fatigue.


Le 16 mai à 21h01, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 3200 et 1/250s

Les petits s'en vont faire différents jeux, tandis que la mère reste d'abord assise sur le terrier, à regarder autour d'elle, écoutant principalement les bruits venant de la ferme en face du terrier, où l'on entend les enfants jouer. Quand la nuit tombe gentiment, elle s'en va laissant sa progéniture seule au terrier.





Les jeunes sont par 2-3 ou tout seuls, découvrant les environs de leur nouveau terrier. La nuit commence à tomber et deux d'entre eux commencent à venir dans ma direction, tout en jouant.



Le 16 mai à 21h13 , Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 12800 et 1/160s

Les deux se rapprochent puis arrivent sur ma droite, à 2m de moi. Ils se courent après autour d'un petit sapin, jouent comme des chatons, jusqu'à ce que l'un arrive à ma hauteur. Il arrive vers mon coude, alors que je suis couché sur le ventre à même le sol, vêtu de ma ghilie 3D. Il pose ses pattes avant sur mon avant-bras puis recule d'un bond, revient, me contourne puis arrive devant mon objectif. Je ne le vois plus mais je l'entends mordiller mon pare-soleil. Puis je vois mon filet de camouflage reculer, celui que j'ai posé sur l'objectif afin de casser la forme. Le jeune quadrupède essaye de tirer mon filet vers le terrier, je dois le retenir durant bien 30 secondes, pendant lesquelles je sens des petits à-coups, jusqu'à ce qu'il lâche l'affaire. Puis j'attends encore de nombreuses minutes tout en les observant sans prendre de photos, jusqu'à ce qu'il fasse nuit noire pour enfin rentrer chez moi après 22h30 (afin de ne pas les déranger).



Le 16 mai à 21h21, Nikon D850 + Nikkor 600mm f4G ED à f/4, ISO 25600 et 1/100s

Le 17 mai

Je reviens le lendemain à 17h15, en pensant me mettre en affût bien avant 21h pour ne pas les déranger, mais là je me trouve face à une surprise; la mère ayant l'air épuisée dort sur la souche, tandis que les six renardeaux jouent autour d'elle. Je m'approche lentement en rampant, mais n'ose pas aller à ma place d'affût de peur de me faire remarquer.



Le 17 mai 2020 à 17h23, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 200 et 1/800s

C'est alors que la mère se lève et part du terrier, heureusement à l'opposé de moi. Les petits rentrent au terrier, et j'en profite pour reprendre mon endroit d'affût, tout en changeant mon Nikkor 600mm f/4G ED contre le Nikkor 500mm f/4G ED que ma fiancée Lara utilise. Le but étant de ne pas avoir un zoom trop serré, sachant que je ne peux pas forcément m'installer plus loin en étant à la bonne hauteur. J'attends jusqu'à 19h, moment où la renarde revient tout en passant à seulement quelques mètres de Lara, sans la remarquer ni la sentir, vu que le vent est idéal. Très rapidement les petits sont eux aussi de nouveau sur le terrier et vienne pour mon plus grand bonheur boire le lait maternel. Je les observe encore jusqu'à 20h, quand la mère repart chasser et que les jeunes rentrent dans leur terrier, puis m'en vais, toujours dans l'intention de ne pas me faire remarquer.




Le 18 mai

Je reviens le lendemain soir à 18h, mais m'installe cette fois-ci beaucoup plus loin, le long d'un mur en pierres sèches, afin d'avoir plutôt des photos d'ambiances que des plans rapprochés. L'attente se fait de nouveau jusqu'à 20h, quand cette fois-ci les renardeaux sortent tout seuls. Ils sont comme toujours timides au début, puis commencent leurs jeux et leurs découvertes, tout en restant d'abord autour de la souche.


Le 18 mai à 20h14, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/8, ISO 800 et 1/640s

La mère arrive après une dizaine de minutes, s'installant sur le terrier. Les petits jouent autour d'elle, qui reste à les surveiller tout en étant attentive aux alentours.



Le 18 mai à 20h26, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 1600 et 1/250s

La soirée est incroyable, la mère fait quelques aller-retours sur le terrier, disparaît en contrebas sur la gauche, pour ensuite venir dans ma direction. Elle retourne sur le terrier, pour finalement venir en plein dans ma direction. Je suis couché derrière un tronc qui est juste devant un mur de pierres sèches. Elle me passe devant à 15m je n'ose pas bouger, je me fais tout petit. Elle monte dans la forêt sur ma droite, passe en dessus de moi, s'arrête, me balaye du regard sans même me voir, puis part. Je pensais vraiment qu'elle allait me repérer et alerter ses petits, quelle chance! Je les observe encore jusqu'à 21h15, puis m'en vais silencieusement sans me faire remarquer.



Le 19 mai

L'attente est de nouveau un peu plus longue, c'est seulement à 20h15 que les renardeaux sortent du terrier, à nouveau sans leur mère. Mais à peine sortis, ils regardent tous dans la même direction, je comprends que leur mère est là. Elle arrive et comme à son habitude les allaite. C'est chaque soir un peu les mêmes habitudes, elle arrive, leur donne du lait puis va s'asseoir sur le terrier, avant de repartir chercher de la nourriture.




Le terrier est vraiment placé à un endroit incroyable, car je peux me mettre partout autour pour pouvoir prendre des photos. En plus il est dans le soleil couchant, ce qui me permet de faire des images jusqu'aux heures les plus tardives. Les premières soirées, je me plaçais toujours à l'ouest, sud-ouest du terrier car un vent du nord, nord-est soufflait tout le temps.



Le 19 mai 2020 à 20h25, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/5.6, ISO 1600 et 1/250s

Après son petit manège, la renarde vient encore une fois dans ma direction, sauf que cette fois-ci elle longe le tronc sur lequel mon appareil photo est appuyé. Je n'ose plus broncher, elle passe à 3-4m, je me fais tout petit. Elle monte à nouveau dans la forêt puis disparaît de ma vue. Je commence peu à peu à essayer d'arrêter de faire mes images en mode visée écran avec le déclenchement silencieux, et essaie de faire des photos normales avec le semi-silencieux de mon boîtier. Peu à peu je le mets carrément en rafales non silencieuses, car les jeunes ne m'entendent absolument pas vu le vent, ou se sont habitués au bruit. Mais quand la mère est là je fais attention de tout faire en silencieux.



Le 20 mai

Je décide d'y retourner encore une fois le lendemain, le 20 mai 2020, donc le cinquième jour d'affilée. Je vois que les habitudes sont toujours les mêmes sauf que les horaires varient plus ou moins. C'est déjà à 19h35 que la mère sort du terrier avec ses petits, passe un moment avec eux avant de s'en aller plus rapidement que d'habitude. C'est toujours un plaisir d'observer les jeunes goupils découvrir la vie autour du terrier, en grimpant sur les souches, les rochers, le tas de bois, ou en se poursuivant sans arrêt.



Le 20 mai 2020 à 20h34, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 1600 et 1/500s

En général le terrier est d'abord exposé au soleil alors que l'arrière-plan est à l'ombre, puis le terrier est à l'ombre mais quand-même dans une bonne lumière, tandis que l'arrière-plan est éclairé par le soleil, donnant un bokeh doré splendide. J'ai toujours eu la chance d'avoir du beau temps jusqu'à là, parfois à peine nuageux par moment comme ce soir-là.



Le 21 mai

Je ne retourne pas au terrier, laissant un ami y aller avec une amie proche.


Le 22 mai

Le vent a tourné pour la première fois et le soleil n'est pas au rendez-vous. Par contre je vis une soirée vraiment exceptionnelle! Je me place cette fois-ci au nord du terrier en contre-bas, espérant avoir de beaux flous d'avant-plan et d'arrière plan.

Les petits sortent assez tard, à 20h20 alors qu'il fait déjà un peu plus sombre sans le soleil, ils sont plus timides.




Puis alors que je veux m'en aller se passe une chose que je n'ai jamais observée jusqu'alors:

La mère arrive au terrier par ma droite, je comprends que mon odeur s'est bien posée et qu'elle ne m'a pas senti. Elle amène des mulots, que deux renardeaux saisissent rapidement et partent en courant pour les dévorer sans partager. Ils passent à moins d'un mètre de moi. L'un comprend qu'il se passe quelque chose et s'enfuit vers sa mère en laissant son mulot à un mètre de Lara.

Et là je ne comprends d'abord pas pourquoi mais j'entends une sorte de miaulement ainsi que de cris étranges, de renardeaux se battant. Je vois que la mère, toujours à une petite dizaine de mètres de moi rejette l'un des petits. Lorsque les autres l'entendent crier, ils arrivent tous vers leur mère et j'assiste à un réel combat entre la mère et sa progéniture. Les jeunes veulent boire le lait maternel, mais elle refuse de les laisser s'approcher. Elle montre ses dents et grogne, en vient à des coups de pattes. Les renardeaux se font tout petits, courbent l'échine et ont la queue bien entre les jambes, se couchant sur le ventre avec les oreilles pliées en arrière, ils essaient d'amadouer leur mère, pourtant tellement douce avec eux d'habitude. Les six petits la poussent à se déplacer à reculons, arrivant à moins de 3 mètres de Lara. Quel spectacle! Je réalise à quel point ces goupils étaient devenus comme des personnes civilisées à mes yeux, et me rends compte à quel point la vie sauvage est violente et difficile.

La mère a donc fait comprendre à ses petits que l'heure était bientôt arrivée pour eux de ne plus boire le lait maternel, d'apprendre à se nourrir par eux-mêmes. Malheureusement je n'ai pas pu prendre d'images durant ces instants, je n'ai même pas osé filmer avec mon téléphone tant j'étais ébahi devant ce spectacle et que je n'avais pour rien au monde envie de me faire remarquer. Par contre le moment fatidique est arrivé quand la renarde à reculons arrive presque aux pieds de Lara, la sent puis s'enfuit en glapissant. Je pensais qu'elle s'était habituée à notre odeur au vu des heures passées au terrier, je pensais qu'elle nous tolérait mais en fait nous avions simplement toujours eu de la chance que le vent ne tourne pas et nous étions toujours camouflés à merveille.

Tant de choses se sont passées durant cette soirée, j'en arrivais à me sentir mal pour mes renardeaux, comprenant la réalité de leur vie sauvage, espérant qu'ils survivent tous.


Le 24 mai

Laissant le terrier tranquille une journée vu que la mère nous avait repérés le 22 mai, je reviens deux jours après, m'installer de nouveau dans mon affût de luxe à une dizaine de mètres du terrier. En temps général je ne me mets pas aussi proche, mais étant donné que je sais que même la mère ne se doute pas de ma présence à cet endroit, j'aime me mettre là dans l'idée d'essayer d'avoir de belles proximités.

Je ne suis même pas installé depuis une minute que je vois déjà le premier renardeau apparaître à 18h36. Il est tout timide et n'ose pas aller trop loin du trou sans ses frangins. Il rentre et ressort alors plusieurs fois, jusqu'à ce que la mère arrive à 19h10.



Le 24 mai à 19h18, Nikon D850 + Nikkor 500mm f/4G ED à f/8, ISO 640 et 1/400s

La mère se couche alors face à moi et dort durant plus de deux heures. Je n'ose pas vraiment bouger car malgré son sommeil, elle a les yeux entrouverts et tournés dans ma direction. Elle se relève souvent, baille, se recouche, et les renardeaux la dérangent souvent en lui sautant dessus, par-dessus ou en passant simplement en flèche. C'est également ce soir-là que j'ai pu observer quelques fois les renardeaux grimper sur le rocher non loin du terrier, courir en haut, se battre en haut mais avec la mère en face de moi j'ai préféré rater les photos que de me faire repérer avec des mouvements brusques de changement de direction de mon objectif.




Ce rocher est normalement mon endroit d'affût, je me colle dans le trou que l'on voit en bas à droite, pour "faire partie" du rocher. Sauf qu'avec le vent il m'est impossible d'y aller sur plusieurs jours, et que je me serais certainement fait remarquer vu combien les jeunes couraient autour et grimpaient dessus.


Le 24 mai 2020 à 20h32, Nikon D850 + Nikkor 500mm f/4G ED à f/4, ISO 1000 et 1/400s

La mère qui surveille toujours ses petits a également ramené au terrier une partie de chevrette! Ce soir-là j'ai vu l'un des jeunes se balader avec la tête, puis les autres se battre avec l'une des pattes du cervidé, soit mort dans un accident, mort de vieillesse ou certainement récupéré suite au passage du lynx? J'ai toutefois observé la mère ramener également un écureuil, dégusté par l'un des renardeaux tandis qu'un autre attendait son tour, pour ne finalement plus rien avoir à se mettre sous la dent...



Le 24 mai à 20h12, Nikon D850 + Nikkor 500mm f/4G ED à f/8, ISO 1000 et 1/400s

Voici encore quelques images résumant bien la soirée:




Le 26 mai

Le 25 mai je fais un affût dans un champ fauché, puis reviens le 26 mai à mon terrier, où j'arrive pour la première fois à avoir les six renardeaux sur la même image. Pour la même occasion je teste la qualité d'un convertisseur Nikon x1.7, ce qui me fait un 1000mm f/6.7. Moi qui me plaignais d'être trop loin de la souche, j'en arrive à être trop proche et de ne pas pouvoir faire de photo avec les six goupils sur la même image sans couper la queue de l'un d'eux.



Le 26 mai 2020 à 19h13, Nikon D850 + 600mm f/4G ED + TC17 à 1000mm, f/8, ISO 1600 et 1/640s

C'est également la première soirée où j'observe les renardeaux faire de nombreux sauts de type "mulotage", comme les adultes qui chassent les mulots. En général ils font ces sauts sur leurs frangins, ou sur de petits insectes, larves ou autres.


Le 27 mai

Le jour-même on me demande s'il est possible de faire une vidéo où l'on voit uniquement les yeux d'un renard... J'essaie avec mon 600mm en plus du TC17 pour arriver à 1000mm, puis je filme en 4K mais en DX, ce qui signifie en mode APS-C, ce qui me rajoute un coefficient de x1.5, soit un total de 1500mm. Je me mets dans mes racines, là où je ne me suis encore jamais fait remarquer, à l'endroit le plus proche du terrier où je m'installe, pour tenter le coup. Je fais alors aussi plusieurs images mais en mode FX, soit plein format, où je galère beaucoup car l'autofocus est plus lent avec le multiplicateur.



Après quelques images et beaucoup de galères, je décide de retirer le multiplicateur, pour être à f/4 avec l'obscurité qui arrive gentiment. J'observe alors comment ce soir-là spécialement les goupils tournent énormément autour du terrier, ils sont plus excités que d'habitude et se bagarrent aussi plus violemment.



Le 27 mai 2020 à 21h10, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 6400 et 1/400s

Je reste encore longtemps, les observant jusqu'à la nuit noire, tellement émerveillé devant ces quadrupèdes que je connais maintenant depuis 15 jours. Ils grandissent tellement vite, je vois déjà bien la différence après 2 semaines à les observer. Je remarque que l'un des renardeaux, spécifiquement celui sur l'image ci-dessus se trouvant sur la gauche, est un peu plus faible que les autres. Il n'aime pas forcément se bagarrer et se retrouve en général en-dessous de celui qui l'attaque, pliant les oreilles en arrière. Sera-t-il le plus faible de la bande, le premier qui mourra? Je me pose beaucoup de questions, surtout après avoir compris la violence de la vie sauvage, là où c'est toujours le plus fort qui gagne.




En fin de soirée je vois mes jeunes goupils effrayés par une chose se trouvant sur ma droite. Alors que je repère un brocard arriver, qui aboye les pauvres renards ne comprenant pas ce qu'il se passe, je les vois s'enfuir dans leur terrier.



Le 27 mai 2020 à 21h27, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 10'000 et 1/100s

Le brocard avait en fait repéré Lara, qui elle faisait tous les affûts le long du mur en pierres sèches. Après avoir fait fuir les renardeaux il s'en va lui aussi dans la forêt, tout en aboyant. Je le reconnais facilement car c'est le seul brocard de la forêt avec d'aussi beaux bois.


Le 31 mai

Je ne reviens finalement que quatre jours plus tard. Alors que j'approche du terrier en venant par le sud-ouest, j'arrive au mur de pierres sèches, où je croise malheureusement maman renard. Je ne comprends d'abord pas ce qui se passe, elle court au terrier, puis les petits qui sont déjà dehors lui sautent dessus pour boire du lait. La renarde regarde dans ma direction, puis rentre dans le terrier. Elle a dû penser que je m'en allais dans l'autre direction, vu que je me dirigeais d'abord contre le mur avant de revenir au terrier.



Le 31 mai 2020 à 18h38, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/8, ISO 1000 et 1/800s

Je passe une superbe soirée mais ne déclenche presque jamais, car il ne se passe pas grand chose au terrier.


Le 1er juin

J'arrive au terrier en espérant faire de superbes images, car les deux années précédentes c'est le 1er juin que j'ai fait mes plus belles images de l'année, selon moi. Sauf que cette soirée me réserve quelque chose de bien particulier. Alors que je m'installe dans mon affût, j'entends puis vois un tarin des aulnes femelle me tourner autour.


Le 1er juin 2020 à 19h01, Canon 5D mark IV + Sigma 135mm f/1.8 Art à f/1.8, ISO 640 et 1/1250s

Je suis content car j'ai spécialement pris un deuxième boîtier ce soir-là avec une focale plus petite mais extrêmement lumineuse, au cas où un renardeau viendrait très proche de moi. Alors que l'oiseau ne semble plus se manifester, je vois apparaître les deux premiers renardeaux sur le terrier. à l'instant-même de leur apparition, le tarin des aulnes plonge au sol devant mon objectif, je n'arrive pas à apercevoir pourquoi, jusqu'à ce que je découvre un oisillon se dirigeant dans ma direction, poussé par sa mère.



Le 1er juin 2020 à 20h05, Canon 5D mark IV + Sigma 135mm f/1.8 Art à f/1.8, ISO 640 et 1/80s

Je ne sais plus quoi faire, l'oisillon vient se coucher dans ma ghilie que j'utilise comme filet de camouflage par dessus mon matériel photo. Il est environ à la hauteur de mon coude. Je vois qu'il ne bouge plus, et le laisse donc tranquille en me concentrant sur les renardeaux.

J'observe toute la soirée un jeune faire des petits sauts de mulotage et creuser, jusqu'à ce qu'il attrape une grosse larve de je ne sais quoi.



Le 1er juin 2020 à 20h41, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/8, ISO 1600 et 1/320s

Puis finalement j'arrive à faire la photo que je désire depuis si longtemps: un renardeau sur la souche, dans une position assez spécifique, avec la lumière du soleil couchant derrière, bref l'une des seules images qui est plus ou moins parfaite à mes yeux!



Le 1er jun 2020 à 21h01, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 2500 et 1/320s

Je fais encore de nombreuses images, puis quand l'heure arrive de partir, je prends l'oisillon qui n'a pas bougé de toute la soirée avec l'un de mes gants de camouflage, l'emmitoufle dedans puis le dépose sur la branche d'un sapin, à un endroit qui me paraît assez sécurisé.





Le 2 juin

Je reviens au terrier et regarde tout d'abord si mon gant est toujours là. Il n'a effectivement pas bougé, mais je ne vois pas d'oisillon à l'intérieur. Qu'en est-il advenu? A-t-il servi d'amuse-gueule pour les renardeaux? S'est-il réfugié ailleurs? Sa mère l'a-t-elle retrouvé? Tant de questions, mais jamais je n'aurai la réponse.

Je vais alors me placer en affût, cette fois-ci au nord-ouest du terrier, où je n'ai encore jamais pu aller à cause du vent. Assez rapidement j'observe mes six goupils sortir, tous ensemble comme à l'habitude. Tout d'abord ils sont dans une lumière incroyable, l'arrière-plan étant éclairé par les derniers rayons.





Je n'observe plus la mère durant quelques jours. Mon angle est vraiment idéal, j'observe ensuite les renardeaux croquer à pleines dents dans les pissenlits fanés, des aigrettes leur restant plein le museau. J'ai l'impression qu'un spot les éclaire dans la face, tant la lumière du soleil est dure, et tant le fond est sombre.



Le 2 juin 2020 à 20h38, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/8, ISO 640 et 1/800s

Puis finalement ils disparaissent tous dans des directions opposées. C'est le moment redouté car ils peuvent revenir d'un moment à l'autre et surtout ils peuvent revenir par derrière moi.

Je passe une soirée merveilleuse à leur côté, avec quelques fous rires, puis voulant m'en retourner chez moi sans les déranger, je me lève alors qu'ils sont partis derrière le terrier.





C'est ce moment que la mère a choisi pour revenir. Le problème c'est qu'elle revient dans mon dos, puis se trouve à 3m de moi. Debout avec un regard béat, je suis très visible et bien sûr elle me repère ni une ni deux. Elle s'enfuit, puis glapit, pour avertir les renardeaux de ma présence. Tous les jeunes reviennent alors au galop, la plupart s'en vont dans le terrier tandis que deux d'entre eux restent assis à regarder dans la direction de la mère. Je décide de rester encore jusqu'à ce qu'ils s'en sont tous allés, pour qu'ils ne me voient pas. J'arrive encore à faire quelques images, malgré la nuit qui s'est installée. Je m'en vais seulement lorsque je ne vois plus rien sur mes images, photographiant sans savoir ce que je fais, ajustant manuellement ma mise au point après chaque image.


Le 2 juin 2020 à 22h17, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 25'600 et 1/6s

C'est la dernière fois que je les vois pour presque deux semaines, car je n'ai pas envie de les déranger plus que ça, m'étant fait repérer. Je passe donc mes journées d'abord à observer les blaireaux, puis les chevreuils. Puis je fais plusieurs affûts sous la pluie mais je ne vois pas un seul renard.


Le 14 juin

Un ami est intéressé à observer les animaux avec moi, je l'emmène d'abord voir les chevreuils, car je sais qu'ils sont là, puis le lendemain, le 14 juin au matin nous nous levons à 4h40 pour aller au terrier, sous la pluie. Nous sommes plus ou moins à l'abri sous des bâches militaires, nous observons d'abord de nombreux oiseaux, puis à 6h00 se déroule sous nos yeux un moment assez particulier: la mère débarque sur le terrier avec des mulots dans la gueule. Deux renardeaux sortent en trombe, l'un s'empare du repas et fuit derrière le tas de bois, le deuxième va vers sa mère, qui elle-même s'en va dans la forêt. Il essaie de boire du lait mais elle marche d'un pas rapide, puis tous les deux disparaissent de notre vue. Nous ne déclenchons pas, de peur de nous faire repérer. Puis celui qui a eu son repas, l'ayant fini, arrive de nouveau sur le terrier, s'assied et regarde dans notre direction, nous laissant le temps de prendre deux photos, puis il s'en retourne dans le terrier.



Le 14 juin 2020 à 6h08, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 6400 et 1/160s

Le 18 juin

Quatre jours plus tard, la pluie cesse enfin et le soleil brille toute la journée. J'ai le temps d'aller en affût et je vais m'installer à 17h30, pensant arriver avant qu'ils ne soient dehors. Mais c'est peine perdue, j'en vois deux dormir sur le terrier, sans apercevoir celui qui dort sur le tas de bois et qui me repère... Il rentre en courant au terrier, laissant les autres perplexes, ne comprenant pas ce qu'il se passe.

Je m'approche alors en rampant, en prenant bien le temps afin de ne pas me faire repérer, puis m'installe derrière le fameux rocher où ils aimaient alors bien grimper dessus.



Le 18 juin 2020 à 18h04, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 400 et 1/1250s

Je les observe durant de longues minutes tout en étant à contre jour. Je les vois dormir, puis aller sur la souche, dormir, j'en vois deux nouveaux sortir face à moi, puis finalement ils disparaissent tous au fond du terrier.




Le 23 juin

Je fais ensuite plusieurs affûts, mais je n'ai pas de succès. Ce n'est que le 23 juin que déjà bien tard j'observe un seul jeune sortir du terrier, pour disparaître rapidement.

Le 23 juin 2020 à 21h35, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 6400 et 1/160s

Le 27 juin

Je n'ai pas beaucoup de motivation à retourner au terrier. Le 27 juin je m'y rends mais déjà bien tard. Sur le chemin à une cinquantaine de mètres de ma place d'affût, je vois alors une tache rousse. C'est l'un des jeunes goupils qui dort sereinement sur un rocher, paisible avec le son des cloches des vaches au loin, les oiseaux qui chantent et une légère brise qui anime les herbes ainsi que les branches du pâturage.



Le 27 juin 2020 à 20h00, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 500 et 1/125s

Malheureusement il entend le déclenchement qui est toujours en rafale, ayant oublié de changer. Il lève la tête, me voit, puis s'enfuit vers le terrier. Je vais finalement m'installer prudemment au terrier, bien à contre jour. Les herbes ont beaucoup poussé et avec le soleil dans les yeux je n'y vois vraiment rien.

C'est alors que j'entends un peu de bruit et grâce à la visée écran du boîtier j'aperçois une tête au milieu de ces herbes. C'est avec beaucoup de peine que je fais la mise au point et que je déclenche. Les herbes forment un sorte de voile qui m'empêche faire correctement la mise au point, mais j'en tire quand-même deux photos, avant que le goupil ne disparaisse de ma vue.



Le 27 juin 2020 à 20h21, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/8, ISO 200 et 1/400s

Le 28 juin

Le lendemain j'y retourne de bonne heure, alors que le ciel est couvert. Cette fois-ci je fais bien attention à observer les souches, les rochers et le tas de bois pour être sûr de les voir s'ils sont là. Je ne vois pas un renard et m'installe derrière mon rocher. Puis j'entends du bruit provenant du tas de bois, où je vois deux oreilles rousses dépasser des branches! Un goupil vient dans ma direction puis se pose sur le tas de bois, à peut-être 6 mètres de moi seulement!

Il fait une sieste, puis est réveillé par une mouche qui le dérange.



Le 28 juin 2020 à 19h04, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/5.6, ISO 2000 et 1/250s

C'est alors que les vaches qui sont maintenant dans le même pâturage que le terrier, viennent en direction du tas de bois. Comme elles sont derrière moi, le renard regarde dans leur direction, puis voit le reflet de ma lentille, puis disparaît.



Le 28 juin 2020 à 19h09, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/5.6, ISO 2000 et 1/250s

Je me retourne alors de nouveau contre le terrier, puis après 10mn un renardeau s'y trouve, aucune idée si c'est le même qu'avant, mais je l'observe s'étirer et se secouer au moment où la pluie commence à s'abattre sur nous, l'incitant à rentrer au terrier.



Le 28 juin 2020 à 19h20, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 3200 et 1/60s

Le 1er juillet

C'est la dernière fois que je retourne au terrier avant de partir en camp d'enfants. Je suis un peu triste de devoir les laisser durant plus de deux semaines, mais la dernière soirée en vaut la peine.

Je vois d'abord l'un des jeunes sur le terrier, à s'étirer, puis il se rend sur le tas de bois où il dort devant moi, sans me remarquer. Je l'observe comme toujours à dormir, bailler, s'étirer etc...



Le 19 juillet

Enfin je peux revenir au terrier, j'en profite d'y aller avec un ami moniteur de l'un des camps que nous avons fait ensemble. Nous nous installons assez tard en affût, puis voyons la mère arriver vers 21h, un mulot dans la gueule.



Le 19 juillet 2020 à 21h08, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 3200 et 1/100s

Pas un seul des jeunes se montre. La mère fait le tour des trous, puis vient dans notre direction. Elle s'arrête, car elle nous a repérés... Le temps de prendre une photo et elle part en courant.



Le 19 juillet à 20h08, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 3200 et 1/160s

Le 30 juillet

Après être rentré de vacances avec ma famille, j'ai le temps rapidement un soir de retourner en affût. J'espère qu'ils sont toujours là. Je vois que les vaches ne sont plus dans ce pâturage, ce qui me donne plus de chances de les voir.

Je me mets à ma place d'affût habituelle, et sans attendre je le vois arriver. Il est sur le tas de bois, il descend, passe derrière le rocher puis vient sur le terrier. Je suis presque sûr que c'est toujours le même, à avoir cette habitude.


Le 30 juillet 2020 à 19h40, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 200 et 1/200s

Il ne sait pas trop se décider, puis finalement se couche sur la butte du terrier, non loin de la souche. Après une mini sieste, il disparaît derrière le terrier, pour revenir quelques minutes plus tard dans les derniers rayons de soleil. Il finit par entendre le gros craquement que fait mon objectif en cassant le support naturel que j'utilise depuis mi-mai... Il sursaute puis me surveille durant de nombreuses minutes alors que je suis dans une position très inconfortable...



C'était la dernière fois que j'ai pu observer un renard le soir au terrier. Mes nombreux affûts suivants n'ont pas eu de succès, c'est pour ça que je n'y suis plus retourné par la suite. Par contre j'ai réinstallé mon piège photo et j'ai constaté qu'il y avait encore de l'activité mais plutôt le matin tôt.


Le 8 août

Le matin tôt je décide donc d'aller me poser en affût en espérant observer l'un des trois renards qui s'y trouve régulièrement. Me voilà à peine sorti de la voiture que je remarque une tache rousse dans le pâturage en dessous du terrier: c'est bien l'un des jeunes goupils! Le vent est assez calme et le renard, pas encore habitué à surveilles le danger, est très concentré à creuser un trou, pour attraper un mulot. J'en profite pour le contourner en restant plus ou moins caché grâce aux sapins. J'y arrive facilement, tellement il est concentré sur son repas.

Je m'installe alors au pied du sapin le plus proche, et l'observe creuser avec beaucoup d'énergie. Il reste longtemps à essayer d'attraper son mulot, puis finalement y renonce. Il se pose dans l'herbe et je ne vois plus que son oreille droite.

Puis le soleil se lève, et c'est là qu'il décide de rejoindre son terrier.





Sauf que son terrier est en fait derrière moi! Je réalise que je suis pile sur sa trajectoire, quand je me rends compte qu'il se dirige en direction du sapin sous lequel je suis camouflé. Je me fais le plus petit possible, déclenche encore jusqu'à ce qu'il disparaisse derrière le sapin, je ne bouge plus du tout puis réalise qu'il m'a finalement quand-même repéré, il s'en va de l'autre côté du pâturage, à toute vitesse.


Le 8 août 2020 à 7h16, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/6.3, ISO 2000 et 1/250s

Je reviens plusieurs fois en matinée mais sans grand succès.


Le 16 août

Je pars relever mon piège photo, et en allant au terrier je vois une tache rousse sur une souche. Je m'approche gentiment avec mon appareil photo, que je prends toujours avec moi.


L'ambiance est splendide, je fais quelques photos avant de m'approcher un peu plus.



Le 16 août 2020 à 18h31, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f4, ISO 1600 et 1/1600s

En m'approchant lentement sans habits de camouflage, un mouvement sur ma gauche attire mon attention: un brocard a entendu les bruits du déclenchement, et curieux vient dans ma direction. Le renard se réveille et je ne sais plus qui photographier entre le renard et le brocard.



Le 16 août 2020 à 18h32, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 1600 et 1/1600s


Puis le brocard me contourne, il sent mon odeur et aboie. Il part en courant, et le renard disparaît au même moment, alerté par le brocard.


Septembre

Je reviens plusieurs fois au terrier, j'en repars toujours bredouille.

Je relève à chaque fois mon piège: plus aucun goupil n'habite ici. Je décide alors de consacrer mon temps aux chevreuils, pour revenir au terrier à la fin de l'automne.


Le 18 novembre

J'ai réinstallé mon piège photo au terrier secondaire ainsi qu'à celui-ci. Le matin, je décide d'aller les rechercher, en espérant avoir de l'activité. Je reprends le piège près du rocher dans la forêt: il n'y a pas de vidéo, si ce n'est celle d'un chevreuil passant furtivement. Finalement en arrivant au terrier principal, j'aperçois une tache blanche sur le terrier. Intrigué, je m'en approche en rampant silencieusement, jusqu'à avoir une bonne vue sur le terrier.



Le 18 novembre à 7h51, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 3200 et 1/160s

Le renard est tranquillement couché sur le terrier et regarde de temps en temps autour de lui. Je suis tellement heureux de le revoir! Je décide de l'approcher lentement, pour le photographier plus proche, avant qu'il se lève, fasse le tour du terrier puis finalement rentre dedans.




Le 20 novembre

Je reviens le surlendemain, je vois deux goupils simultanément.

L'un est un mâle, l'autre une femelle. J'observe alors comment la femelle est assise sur le terrier et le mâle l'approche en mode prédateur

Le 20 novembre 2020 à 07h41, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 6400 et 1/100s

La femelle n'est pas contente, le mâle s'en va dans la forêt et la femelle se cache dans le tas de branches, qui est toujours là.




Le 22 novembre

Je retourne au terrier le soir, espérant avoir quelque chances. J'attends longuement, jusqu'à ce que le soleil soit bien couché. Je vois deux oreilles rousses, mon cœur s'accélère mais il s'avère que c'est un chat. J'attends encore, puis c'est un beau goupil qui apparaît. Le temps de faire une photo et il se retrouve dans la forêt. J'attends encore quelques instants, et c'est un deuxième renard qui montre le bout de son nez, avant de s'en aller également.



Le 22 novembre 2020 à 16h50, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 3200 et 1/100s

Le 23 novembre

Je reviens avec un ami, lui expliquant qu'il faut être attentif entre 16h45 et 17h00, que nous devrions voir deux renards. A 16h53 je vois la première tête rousse apparaître, je donne un coup de coude à mon ami pour qu'il puisse aussi voir le renard. Je fais quelques images, je n'entends pas le déclenchement de mon ami. Il croit à une blague, il n'a pas aperçu le renard. Nous ne voyons aucun autre renard ce soir-là.



Le 23 novembre 2020 à 16h53, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 3200 et 1/100s

Le 24 novembre

Le vent a tourné, je peux m'installer à contre-jour au terrier, à un endroit où je ne m'étais alors encore jamais installé. Avec ma fiancée, la chance nous sourit à 17h08: un renard sort sa tête, puis regarde l'horizon. Il s'en va. Je suis dégoûté, je n'ai pas réussi à faire la mise au point sur lui alors que sa silhouette était magnifiquement éclairée par les dernières lueurs.



Le 24 novembre 2020 à 17h08, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 6400 et 1/200s

Il s'avance contre la forêt, s'arrête un instant, puis disparaît de notre champ de vision.


Le 24 novembre à 17h09, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 6400 et 1/200s

Nous attendons encore cinq minutes et c'est un second renard qui sort du terrier. Le temps d'essayer de le prendre en photo, qu'il disparaît dans le pâturage en contrebas.



Le 24 novembre 2020 à 17h14, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 6400 et 1/200s

Le 25 novembre

Le matin tôt je me place en affût. Malheureusement, pas un renard. Par contre ce sont trois écureuils que j'entends et que j'observe. L'un d'entre eux vient se placer sur une branche directement en face de moi, pour grignoter quelque chose.



Le 25 novembre 2020 à 08h23, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 1600 et 1/200s


Le soir, je reviens en affût comme d'habitude. Je peux me poser à contre-jour, comme le soir d'avant. Encore une fois, le renard est au rendez-vous. A 17h00 tapantes, le voilà. Comme à son habitude, le mâle sort d'abord la tête, puis regarde autour de lui, se lève, regarde en direction du troupeau de vaches, puis part en forêt.



Le 25 novembre 2020 à 17h00, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4 G ED à f/4, ISO 6400 et 1/200s

Le 26 novembre

Encore une fois je viens m'installer en affût à contrejour, mais cette fois-ci je me rapproche. La chance me sourit, le premier renard sort à 16h43.



Le 26 novembre 2020 à 16h43, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 1600 et 1/200s

Ce soir-là je comprends qu'il y a en fait 3 renards qui habitent au terrier, deux mâles et une femelle. J'attends encore jusqu'à 17h30, jusqu'à ce qu'il fasse nuit presque noire, quand j'observe le troisième posté sur la souche, à regarder à l'horizon. Impossible de prendre une seule photo correcte.


1er Décembre

La neige est tombée durant la nuit et il neige toujours. Je décide donc d'aller au terrier de bonne heure. Sur mon chemin, je croise une ombre en forêt. Pas sûr d'avoir vu bouger, je me fige et me baisse lentement. Le renard s'approche de moi, il disparaît puis réapparait dans une clairière face à moi. Il a quelque chose dans la gueule: cela ressemble à une hermine. Le goupil joue avec, il la balance en l'air, se roule dans la neige, s'assoit, puis repart. Je fais un long affût au terrier, je ne vois plus rien.



Le 1er décembre 2020 à 07h31, Canon 5D mark IV + Canon 400mm f/2.8L IS USM à f/2.8, ISO 25600 et 1/50s

Le soir je reviens au terrier, je me place en affût très proche. Au moment où je décide de rentrer chez moi, j'aperçois un renard dans mon viseur. Il regarde dans ma direction mais ne semble pas me remarquer, puis il part. Le temps de faire quelques photos, il a déjà disparu. J'attends encore quelques secondes puis je rentre.



Le 1er décembre 2020 à 17h09, Canon 5D mark IV + Canon 400mm f/2.8L IS USM à f/2.8, ISO 12800 et 1/30s

Le 5 décembre

Je reviens quatre jours plus tard, le soir, je dois me placer à l'opposé du terrier, car le vent a tourné. Comme chaque soir presque je vois au moins l'un des trois goupils.



Le 5 décembre 2020 à 17h05, Canon 5D mark IV + Canon 400mm f/2.8L IS USM à f/2.8, ISO 6400 et 1/100s

Le 7 décembre

Encore une fois je viens me placer dans la neige une heure avant leur sortie, et la chance me sourira encore. C'est la renarde que j'observe sortir en premier. Elle se dirige contre moi, pisse sur un rocher, puis vient tellement proche qu'elle doit sentir mon odeur.



Le 7 décembre 2020 à 16h59, Canon 1DX mark II + 400mm f/2.8L IS USM à f/2.8, ISO 6400 et 1/200s

Ensuite elle retourne au terrier, puis finalement ressort. Je vois deux têtes sortir du terrier, les deux se méfient puis finalement sortent et s'en vont dans la forêt.




Le 10 décembre

Ce soir-là je ne savais pas encore à quelle scène j'allais assister. L'ambiance était phénoménale, le ciel d'un beau bleu tout l'après-midi laisse place à un coucher du soleil splendide. Dans les dernières lueurs, l'un des mâles sort et s'assoit sur le terrier. C'est Geoffroy, celui que je vois le moins souvent. Je suis aux anges! Quelle surprise quand je vois une deuxième tête apparaître dans mon viseur: c'est la femelle. Elle s'approche du mâle, les deux se montrent les crocs et plient les oreilles en arrière, c'est un signe d'affection, d'invitation. La femelle que j'ai nommée Dagoberte se couche aux pieds du mâle, puis s'assoit et se colle à lui. Quel moment extraordinaire, je n'en reviens pas, tout y est: l'ambiance, l'interaction entre renards. Seulement la lumière me fait gentiment défaut.



Le 10 décembre 2020 à 17h03, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 6400 et 1/80s

Au bout d'un moment, le mâle (celui de gauche) s'en va dans la forêt. La femelle reste assise un moment avant de suivre ses traces.




Le 16 décembre

J'ai un cours en ligne où je ne dois pas parler et où je n'ai pas besoin de montrer ma tête durant la visio conférence, j'en profite alors pour suivre le cours au terrier. Avec le rut qui approche gentiment et surtout la belle météo ce matin-là, j'ai beaucoup de chances d'apercevoir les goupils. A 11h03, alors que je ne m'y attends pas du tout, un renard apparaît dans mon viseur alors que je fais des réglages.



Le 16 décembre 2020 à 11h04, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 400 et 1/320s

C'est celui que j'ai nommé Dagobert: un mâle. Je le reconnais facilement, car il a un plastron d'un blanc très propre, une sorte d'encoche blanche à son oreille gauche et la que très blanche également. Il se balade un peu autour du terrier, puis se couche sur la butte. Après quelques instants, effrayé, il rentre au terrier. Je ne sais pas si c'est le vent qui a tourné et qu'il a senti mon odeur, ou s'il a senti un autre danger.




Le 17 décembre

Le lendemain je reviens au terrier le soir, aux alentours de 16h00 comme à mon habitude. Je suis surpris de voir une forme sur le terrier: l'un des goupils dort sur la butte. Je fais quelques photos à contrevent, mais le renard est très farouche et il doit entendre le bruit des déclenchements, alors que je suis très loin. Il s'en va rapidement. C'est la dernière fois que je viens au terrier avant plusieurs jours.


Le 17 décembre 2020 à 16h06, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 800 et 1/160s

Le 26 décembre

Après les fêtes de Noël, je reprends mes habitudes et reviens tous les soirs au terrier. Je me place à chaque fois en fonction du vent. A 16h52, le mâle Dagobert sort du terrier. Le temps de prendre trois photos et le voilà qui s'en va, toujours das la même direction.


Le 26 décembre 2020 à 16h52, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 3200 et 1/200s

Le 28 décembre

De retour au terrier comme d'habitude à 16h00, c'est déjà à 16h23 que la renarde sort. Bien plus tôt que d'habitude. Elle se secoue pour se débarrasser de la neige, puis s'en va certainement se coucher derrière la souche, car je ne la vois pas quitter le terrier. C'est seulement 20mn plus tard qu'elle s'en va.



Le 28 décembre 2020 à 16h23, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 800 et 1/320s

J'attends encore dans l'espoir d'observer un autre goupil, c'est alors que sur ma gauche une chevrette apparaît. Elle est très proche, je l'observe gratter la neige pour manger le peu d'herbe qu'elle trouve. Puis elle est rejointe par deux jeunes chevreuils de cette année, un chevrillard et une chevrette. Pendant de longues minutes ils broutent ce qu'ils peuvent, puis s'en vont lentement vers la forêt.




Le 30 décembre

J'essaie d'aller en affût tous les jours, car comme on dit, la multiplication des affûts permet de provoquer la chance. Cette fois-ci c'est encore la femelle qui sort, à 16h59. Elle s'assoit un moment, s'étire, baille, puis, regardant avec insistance l'entrée du terrier, je pense qu'elle a repéré un petit animal à manger mais en fait elle plonge dans le terrier, je n'ai aucune idée pourquoi.



Le 30 décembre 2020 à 17h02, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 1600 et 1/160s

Le 31 décembre

C'est en matinée que je reviens, dans l'espoir d'observer une sortie à 11h00 comme deux semaines auparavant. Malheureusement aucun renard ne fait une apparition, par contre j'ai la chance d'observer une femelle merle dans les branches de l'arbre entre le terrier et moi-même.



Le 31 décembre 2020 à 11h31, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 400 et 1/800s

2021


Le 1er janvier

Cette fois-ci je me place plus proche du terrier, car le vent a tourné. Assez précise, c'est de nouveau à 16h59 que la femelle fait son apparition. J'ai la chance de l'observer un bon moment assise sur le terrier, puis bailler et s'en aller en forêt.



Le 1er janvier 2021 à 17h01, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 6400 et 1/160s


Les prochains jours, il est rare que je fasse des observations, en général je ne peux même plus faire de photos. L'activité a l'air d'avoir baissé.


Le 8 janvier

Après avoir observé uniquement la femelle de nombreuses fois, c'est enfin l'un des mâles que je revois faire son apparition. Ce sont d'abord une paire d'oreilles que j'observe, je reconnais toute de suite lequel c'est, c'est également le seul à avoir cette habitude de sortir aussi lentement du terrier, certainement le plus farouche.



Le 8 janvier 2021 à 17h23, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 6400 et 1/30s

Les oreilles laissant lentement la place à une tête, le magnifique goupil s'assoit un moment en face de moi, pour mon plus grand bonheur. Il reste ainsi quelques secondes, avant de disparaître derrière la butte du terrier. J'attends quelques minutes avant de m'en aller moi aussi.



Le 8 janvier 2021 à 17h24, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/4, ISO 6400 et 1/30s

Le 10 janvier

Je profite que ce soit dimanche pour faire un affût durant quasiment toute la journée: je m'installe dès 10h00 et reste jusqu'à midi, pour revenir à 13h00 et repartir seulement à 17h45, quand l'obscurité est totale. C'est à 11h03 que je vois apparaître la femelle. Le temps de faire trois images et elle s'en va en trottinant, dans la forêt. Puis à 11h43, je suis surpris de la revoir apparaître en courant, pour plonger dans le terrier. Aurait-elle senti un danger? Aurait-elle senti mon odeur? Dans tous les cas elle ne devait pas savoir que j'étais au terrier, car un renard ne trahit pas son terrier et s'enfuit en forêt s'il sait qu'un humain peut le voir entrer dans son terrier.



Le 10 janvier 2021 à 11h03, Nikon D850 + Nikkor 600mm f/4G ED à f/5.6, ISO 400 et 1/320s

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